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Benin

Identification et evaluation des pratiques et technologies pour une Agriculture Intelligente face au Climat (AIC) au Bénin

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La présente étude a été initiée en vue d’approfondir les connaissances et d’apporter des éléments scientifiques sur l’adéquation des pratiques agricoles au regard des piliers de l’AIC au Bénin et d’en déduire les bonnes pratiques. L’étude vise spécifiquement à 1) faire l’état des connaissances disponibles sur les technologies et bonnes pratiques relatives aux trois piliers de l’AIC, 2) faire la compilation et une analyse des différentes technologies et bonnes pratiques par sous-secteur, 3) proposer des options recommandées de pratiques tenant compte des contextes environnementaux et sociaux économiques spécifiques.

L’approche méthodologique utilisée comporte essentiellement deux phases complémentaires: une revue de littérature et une analyse multicritère de hiérarchisation des pratiques basées sur des indicateurs définis pour chaque pilier AIC. Du fait du manque de données scientifiques, l’évaluation des indicateurs a été faite à travers une enquête auprès des experts (personnes ressources) nationaux des sous-secteurs complétées par des informations issues de la littérature.

Pour faire face aux impacts des changements climatiques, plusieurs pratiques existent ou ont été développées. Nombre d’entre elles sont climato-intelligentes et permettent d’augmenter la productivité, de développer la résilience tout en limitant les émissions de GES. Mais ces dernières restent relativement peu connues sous cet angle à l’échelle nationale. Les pratiques AIC offrent plusieurs opportunités pour faire face aux défis actuels des changements climatiques. Ces technologies/pratiques varient selon les sous-secteurs (production végétale, production animale, production halieutique, chaîne de valeur ajoutée, foresterie) du secteur agricole et surtout des impacts des changements climatiques perçus par les producteurs.

Pour le sous-secteur de la production végétale, les pratiques sont liées à la prévention et à la gestion du risque climatique, à l’information climatique, à la gestion des systèmes de culture et du calendrier agricole, des pratiques de gestion du matériel végé-tal de production, des pratiques de conservation physique des eaux et des sols et des pratiques de conservation biologique des eaux et des sols. Les pratiques prioritaires en production végétale sont: l’utilisation des variétés améliorées (variétés à cycle court, résistantes à la sècheresse, aux maladies); le paillage des cultures (utilisation des ré-sidus de récolte, de paille ou de film polyéthylène pour pailler le sol); le Système Amé-lioré de Production (SAP) (Assolement-rotation dans l’exploitation agricole); l’irrigation localisée (goutte à goutte ou microdiffuseur) et la gestion des semis (resemis, sursemis, changement de date de semis).

Les pratiques/technologies AIC du secteur de la production animale visent essentiellement l’amélioration des systèmes d’élevage, des techniques de reproduction et l’alimentation des animaux par valorisation des sous-produits de la production végétale sans pour autant compromettre l’environnement. Les pratiques prioritaires en élevage sont: l’introduction de races améliorées, le croisement avec les races locales pour une bonne résistance aux maladies; la constitution des réserves alimentaires pour la saison sèche (foin, ensilage, etc.); le recours à de nouvelles sources d’aliments (légumineuses arbustives, paille de riz, etc.); la culture de variétés fourragères résistantes et la pratique de mobilité saisonnière du bétail.

Les pratiques/technologies de production halieutique visent à améliorer les systèmes d’élevage, la gestion des espèces halieutiques, la gestion de la qualité de l’eau et de l’alimentation. Les pratiques prioritaires ici sont: l’élevage des poissons en bassins; l’introduction de souches de poisson à cycle court (tilapia); l’utilisation des bacs hors sol; des cages flottantes et les étangs piscicoles et la fertilisation des étangs piscicoles.

Les pratiques/technologies du secteur de la foresterie visent l’aménagement des forêts et des plantations, une exploitation rationnelle des ressources naturelles, la sauvegarde des écosystèmes, la préservation de l’environnement et la lutte contre la déforestation ainsi que l’agroforesterie. Les pratiques prioritaires en foresterie sont: les plantations/ reboisements (domaniales, communales ou à grande envergure y compris les mangroves à l’aide des palétuviers et espèces à croissance rapide; les pratiques améliorées de gestion (labour, fauchage, éclaircie, lutte contre les parasites animaux et végétaux…) des plantations et parcs forestiers; la culture en couloirs/agroforesterie (cultures annuelles entre les rangées d’arbres); la domestication et la plantation des espèces fruitières locales adaptées au climat et la conservation des eaux et des sols.

Pour le sous-secteur des chaînes de valeur ajoutée, les pratiques/technologies visent le stockage, la conservation des produits, les transformations locales des produits agricoles et l’utilisation rationnelle des ressources naturelles en faisant aussi la promotion de l’utilisation des énergies propres (énergies renouvelables). Les pratiques prioritaires ici sont: la fabrication et la promotion de nouveaux produits agroalimentaires (jus de fruits, vinaigre, amandes fermentées de baobab, alcool d’ananas, etc.); l’utilisation de nouvelles sources de matières organiques pour l’énergie domestique (balles de riz, coque de palmiste, sciure); les foyers traditionnels améliorés; le cuiseur à vapeur pour les mets locaux (ex.: Ablo) et les séchoirs solaires.

Les lacunes des données sont similaires dans tous les sous-secteurs. En général, très peu de pratiques/technologies sont abordées par la communauté scientifique en termes d’AIC. Pour le pilier de la productivité, les analyses coûts-bénéfices sont rares, de même que les données liées aux pertes post-récolte. Pour le pilier de l’adaptation, les données existantes regroupent souvent la disponibilité et l’efficience d’utilisation de l’eau, mais les informations sur la contribution des pratiques à gérer ou prévenir les risques climatiques sont très rares et restent qualitatives. Enfin, pour le pilier de l’atténuation, il faut remarquer que les efforts ne sont qu’à leurs débuts et nécessitent d’approfondissement.

Les informations existantes sur l’atténuation sont, pour la plupart, liées à la foresterie et à la production animale. Dans la plupart des autres secteurs, il existe très rarement des estimations renseignant de façon détaillée sur la quantification des émissions des GES par pratique.

L’analyse des contraintes et des difficultés de l’adoption par technologie/pratique a montré qu’il y a 1) une insuffisance de programmes scientifiques d’évaluation des pratiques, 2) une insuffisance des capacités des acteurs, 3) un défaut de financement de la recherche et des acteurs pour l’adoption.

Des recommandations ont été faites en fonction des différentes zones agroécologiques pour l’amélioration et la mise à échelle des bonnes pratiques identifiées pour une agriculture intelligente face au climat.